François Donato
Salut camarade ! Je te propose qu’on s’y mette direct cash et qu’on discute après. Envoie les sons que tu veux et je rebondis. Ainsi commençaient la plupart de nos sessions de travail. À fond l’écoute, à fond le présent. Ainsi se diguait la rencontre entre les sons que François Donato éclosait et les mots que j’actais. Et la terre se fendait et la fête gagnait. Et la lumière et la vie et le monde et nos vies décollaient par-dessus les nuages et l’infini se rapprochait. Tu as filé un soir d’automne, mon camarade. Pas faute d’avoir tout tenté pour ne pas. Je continue avec toi sans toi. Comment ne pas mon frère de route ! Salut mon camarade. Salut notre camarade. Tu te souviens ? Milène Tournier a dit « j’ai rencontré François et la musique a été rendue à la musique ». Au-revoir magnifique artiste, créateur sonore, danseur des sons. Au-revoir notre magnifique frère humain. Mille pensées tendres à tes enfants et ton épouse.
Anne Lefèvre
J’ai été informé par Didier Aschour et par Anne Lefèvre du départ de François Donato, musicien que je n’ai rencontré que trop furtivement (hélas!) au Vent des Signes. Bien que je n’ai pas de passé commun à évoquer, je ne peux qu’être sensible su départ de ce musicien important, pour les musiques expérimentales pas seulement toulousaines. Je suis profondément ému par les mots de sa compagne Corinne Mariotto, accompagnant ses derniers instants. J’ajouterai aussi quelques lignes pour dire mon sentiment à couleur philosophique plus que musicale.
La mort nous vient toujours du dehors… Elle nous met face à un dehors, que nous lègue l’artiste.
Ce qu’il ne faut pas comprendre ici comme l’entrée dans un néant, ni comme le retour dans un espace et vers un temps qu’il a su remplir, mais qu’il nous appartient désormais d’explorer.
Non plus celui d’une mémoire ni celle du même, mais plutôt d’un devenir à expérimenter et à construire, vers de nouveaux territoires existentiels, vers de nouvelle joies et de nouveaux infinis à découvrir.
La musique, comme François l’a sans doute perçue, comme elle l’a affecté, c’est l’immanence de la vie.
Avec ma tristesse et mes amitiés.
Bernard Astié