8 > 15 JAN & 21 > 25 MAI
Le Vent des Signes
Résidence
Matthieu Guillin et Marin Bonazzi

Auteurs en résidence

Notre oreille, pourtant, […] réclame sans cesse de plus vastes sensations acoustiques. »Notre oreille, pourtant, […] réclame sans cesse de plus vastes sensations acoustiques.
Luigi Russolo, L’Art des bruits — Manifeste futuriste, 1913

Désir d’ouïr…
Un peu plus d’un siècle après ce fracassant manifeste de Russolo, où en sommes-nous dans notre désir d’ouïr ? Cent ans d ‘accroissement ryzhomatique des procédés de synthèse sonore, et l’on se dit que nul son n’est plus susceptible d’être produit et reproduit.Dans des âges antérieurs, on a entendu des sons radicalement nouveaux, et perçus comme tels : le moulin à vent au 9è siècle, le chemin de fer au 19è… Au tournant du 20è siècle, on s’est ému de situations perceptives nouvelles : entendre à distance géographique avec le téléphone ou la radio, ou temporelle avec l’enregistrement.
Aujourd’hui, l’idée même d’inouï est devenue abstraite, son territoire submergé par l’abondance et le perfectionnement des synthétiseurs. L’engouement pour le « vintage » dans le domaine de la reproduction sonore révèle le peu d’enthousiasme que suscite, auprès du grand public, les avancées technologiques récentes dans ce domaine. Si le 20è siècle fût celui du foisonnement des sensations acoustiques appelé de ses vœux par Russolo, il semble que nos oreilles soient désormais saturées et lasses. Dès lors, comment retrouver la voie de l’étonnement perceptif, esthétique et philosophique qui fut celui des premiers auditeurs du phonographe, inquiets et fascinés par la perspective d’y entendre résonner la voix des morts ?

Le spectacle dont nous entreprenons l’écriture ne sera pas une présentation didactique de l’histoire du son, pas plus qu’un exposé des thèses des Sound Studies. 

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DISTRIBUTION

Artistes au plateau et direction artistique  Matthieu Guillin et Marin Bonazzi
Assistante à la dramaturgie et à la production Ariane Zaytzeff
Scénographie Claire Saint Blancat
Réalisation du décor  Claire Daulion
Costume  Véronique Gély
Oreilles et regards extérieurs, conseil technique  Pierre Jodlowsky, Emilie Mousset, François Donato

Du son en scène – perspectives nouvelles…
Nous voulons mettre en scène l’art sonore et explorer de nouvelles voies dans ce sens.

L’acousmonium, que François Bayle décrit comme «instrument de mise en scène de l’audible» n’a certes rien perdu de sa pertinence musicale, mais il peine à séduire un public large et sa saveur d’avant-garde s’est estompée.

Nous voulons donc chercher de nouveaux moyens scénographiques. À cette fin, nous nous appuierons sur un courant de recherche récent et encore peu exploité : celui des Sound studies. Jonathan Sterne, dans son Histoire de la modernité sonore (2015), met en lumière les angles morts de l’histoire des technologies sonores.
Des dispositifs avortés tels que le photophone, des usages oubliés tels que le concert téléphonique, la matière historique abonde sur laquelle fonder un nouvel imaginaire du son en scène. «Notre oreille, pourtant, […] réclame sans cesse de plus vastes sensations acoustiques.»Luigi Russolo, L’Art des bruits — Manifeste futuriste, 1913

Le projet Le duo Les personnages et les anecdotes qui constituent cette histoire ne manquent pas non plus de sel : de Alexandre Graham Bell, le célèbre industriel, qui prélevait des tympans sur des cadavres humains pour son phonotographe à oreille, à Harrold Burris-Meyer. Cet improbable ingénieur américain, inventeur infatigable, incroyable précurseur, porté par une foi scientiste impérieuse, est ainsi décrit par Juliette Volcler : « H. Burris-Meyer est le son du XXe siècle. Il en est le technicien, le rêveur, l’illusionniste et le commercial, le guerrier et le diplomate »(Contrôle – Comment s’inventa l’art de la manipulation sonore).

C’est un trait spécifique des Sound Studies que de mettre en lumière, derrière l’apparente neutralité techniciste des machines, les soubassements idéologiques qui conditionnent tant leur invention que leur développement commercial.