c’est un état sauvage autour du champ cultivé
une bande de terre non travaillée
on s’y rencontre d’une parcelle à l’autre
on y fait tourner les bêtes et la charrue
avant que d’entamer l’autre sillon
c’est une bande de terre non travaillée
on y souffle le temps d’un retournement
on y mesure le travail accompli
celui qui reste à faire

c’est l’espace au bord des plan(t)s
hors les plan(t)s
répit et confidences
les enfants nous livrent de quoi nous rafraîchir
à l’ombre de la haie
reprendre des forces
bouteille d’eau et de vin blanc
chocolat noir et pain solide
batifolent autour de nous
s’en retournent avec le panier à rabats

c’est un état sauvage autour du champ cultivé
une bande de terre non travaillée
une lande-suspens entre deux gestes
quand le champ sera retourné
à son tour on la retournera
qu’elle porte pareil sa part de graines et de saisons

Petite, j’adorais apporter les victuailles aux travailleurs des champs.
Escalader les mottes de terre. Disparaître dans les rangs de vigne. Vous êtes où ?
M’asseoir près de mes grands-parents. Intégrer le cercle des grands.