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Production Le Vent des Signes avec le soutien de Ville De Toulouse @dracoccitanie @conseildepartementaldelahaute-garonne La Chartreuse Cnes de Villeneuve lez Avignon @laregionoccitanie @followers Le Vent des Signes Loran Chourrau Marc Sens Michel Fourcade Thierry Ramade Pascale Canal Valérian Guillaume Jean-louis Lambert-pêcheurdeSète Mous Cali
Il est important de bien comprendre toutes les précautions de sécurité avant de démarrer.
Il est recommandé de suivre ces instructions pour maintenir la littérature dans un état de fonctionnement optimal et pour maximiser sa longévité.
EXTRAITS
S’assurer qu’une tierce personne reste à proximité en cas de problème.
On a besoin d’une histoire. Deux histoires. Trois. De n’importe quelle histoire. D’un début. De quelque chose qui commence, qui emporte,
qui entraîne. De n’importe quoi qui accroche et tire et enchaîne. Qui démarre et vrombisse. Excite. Comme le bruit d’un moteur. La matérialité du bruit d’un moteur. Sa familiarité. Voiture. Tondeuse à gazon. Tronçonneuse. Débroussailleuse. Percolateur de café. La vibration du démarrage. Pour entendre autre chose. Que soi.
Par exemple cet individu qu’on appelle Notre, par exemple, hier Notre a allumé sa tronçonneuse et a abattu un sapin et le mot même de sapin entraîne vers la forêt et la montagne, et les mots mêmes de forêt et de montagne entraînent vers l’hiver et la neige, et les mots mêmes d’hiver et de neige entraînent vers le grand nord puisqu’il n’y a plus d’hiver au sud ça ne peut être qu’au nord cette neige qui est en train de fondre, partout. Donc on est dans la fiction mais c’est ce qu’on attend. La fiction. On n’en peutplus du réel. On veut autre chose.
Emmanuel Adely
Vous avez l’impression de voir dans chaque chose un miroir scintillant.
Cette hallucination est rapidement vertigineuse. Chaque fragment fait sens. Chaque tronçon est un indice. Il n’a pas seulement perdu ses boulons, ou le manche de sa cognée : notre bricoleur suit une piste. Les gestes amicaux se multiplient. Il semble que chacune et chacun s’entende à bricoler pour lui, machine le quelque chose décisif. Donne un morceau pour le projet !
Une crise d’hystérie dans la voiture ! Une chanson entendue à la radio ! Un linéaire où se superposent des boîtes de conserve et des bocaux ! Un costume de tweed vert et sa casquette assortie ! Une neige de verre poudroyée sur la terrasse du chalet ! Une giclée de sang dans la baignoire ! Et même deux voitures de police à contre-sens, qui remontent toutes sirènes hurlantes devant le magasin de bricolage, dans l’indifférence générale.
Tout est cadeau, proposition énigmatique, promesse d’une nouvelle révélation. Comme si chaque fois, quelqu’un avait posé des charnières avec un souci méticuleux. Du bout des doigts, le bricoleur exerce juste une pression, et la charnière pivote, les pans s’ouvrent, dévoilant le quelque chose dissimulé : rose, endormi, gonflé. Le sens.
Mais quel sens ?
Charles Robinson
Parfois la phrase suivante était déjà là.
Parfois la phrase suivante était déjà là comme une sorte de silhouette qu’on apercevait de l’autre côté de la rue. De profil, très calme, elle ne tournait jamais la tête, elle demandait sans bouger qu’on trouve la solution pour la rejoindre. Peut-être la phrase appelait-elle, depuis le cadre de la fenêtre d’où elle pouvait faire signe. Sans tourner la tête, la phrase suivante appelait une tierce phrase qui se serait insérée entre elle et celle qu’elle suivait et la tierce phrase aurait formé, de tout son long, un échafaudage bricolé pour la rejoindre. Plus celle-ci aurait été étirée, déliée peut-être, étendue à la manière d’une bûcheronne qui se tient d’une main à une branche pour tronçonner de l’autre une série de branchettes inaccessibles sans pirouette, plus la phrase suivante (qu’elle viendrait chercher) serait arrivée de loin, ses valises remplies de cadeaux. Des babioles en tout genre. Une Tour Eiffel, un service à thé, une boule de Noël, un bonsaï qui perd ses
feuilles, une grenouille en faïence. Plus la tierce phrase qui se tient entre celle qui vient de passer et celle qui n’est pas encore là s’étire, plus elle prend des risques, et les risques augmentent en fonction de [...]
Mael Guesdon
La créativité désigne l’aptitude à s’émerveiller, l’envie de réagir à ce qui nous bouscule. Ou plus simplement, c’est un acte d’amour, quelle qu’en soit la nature. Quelque chose qu’on produit.
[…] La connexion, c’est la sensation de s’arrimer à l’instant présent. De s’absorber totalement dans l’expérience au moment où elle est vécue, l’esprit tout entier tendu vers chaque détail.
[...] L'empathie, c'est se souvenir que chacun a une histoire. Une multiplicités d'histoires. Et se souvenir aussi de laisser assez de place aux autres pour qu'ils puissent raconter leur histoire avant de raconter la sienne.
il y a vrai dieu d’un côté et il y a vrai dieu d’un côté et ce n’est pas le même et ça pourrait se résumer à ça c’est-à-dire à ceci qu’il y aurait le vrai dieu des deux côtés et qu’il s’appellerait du même nom mais qu’il ne s’appellerait pas du même nom et ce serait aussi simple et compliqué que ça et ce serait tout
© éditions Maison Malo Quirvane 2019
contact@maisonmaloquirvane.fr
© Photo MQ
Dépôt légal Mars 2019
Imprimé en caratère Garamond
aux Nouvelle Imprimeries Laballery en France.
ISBN 978-2-490828-02-9
alors même que rien
pendant cela (tout cela)
ni après cela (tout cela)
qui a eu lieu
en un lieu
(mais quel lieu ?)
(et cela a-t-il eu lieu ?)
(tous nous fumes tous : lieux) (où ?)
(et quelque chose s’est passé en ces lieux de nous)
(mais quoi ?)
(qui eut réellement lieu)
(mais déjà semble ri)
(dicule)
(s’est-il passé quelque chose ?)
(quand déjà)
(à peine au lendemain)
(à peine au sortir de la veille)
(le lendemain reproduit la veille identique du lieu de la veille)
(pire) (en expérimentation du pire) (pire)
(copie empirique des pires fictions pires)
(et si éloignée, par ailleurs, de ce que nous jurâmes tous en ces temps d'assignation)
(tous pensant)
(soudain)
(tous pensant)
(et jurant)
(de changer)
(de ne plus accepter)
(ce que nous étions sûrs de changer)
(de vouloir changer)
(de pouvoir changer)
(par une prise de conscience du ri)
(dicule)
(de ce monde-nous)
(de ce monde-eux)
(or)
(de ce monde extérieur)
(qui ne nous ressemble pas)
(or)
(cette prise de conscience de l’ab)
(surde)
(de ce monde-eux)
(la totale ab)
(surdité du monde-eux)
(qui nous a sauté mais vraiment sauté)
(à la gueule)
(et nous a fait jurer de tout renverser)
(nous a fait rêver des promesses de tout renverser)
(de ce monde-eux qui rigole)
(de cet i)
(monde-eux)
(qui revient)
(qui est déjà là)
(qui n’est jamais parti ne part pas ne partira jamais)
(or)
(donc)
ne m’a pas permis ne me permet pas d’écrire
ne m’a pas permis ne me permet pas de penser même
à écrire
quoi ?
voilà - oui : quoi ?
Y’en a qui ressortent des soins les cheveux secs coiffés tirés à 4 épingles comme tout droit sortis d’un feuilleton américain mise en plis impec brushing voluptueux à te demander si tu n’es pas victime d’une hallucination.
Y’en a d’autres – genre moi – qui font à peine deux soins - genre la baignoire à remous pas de quoi risquer la noyade et la douche pénétrante pas de quoi craindre la moindre perforation – qui ressortent – disons moi - pareils à une souris effarouchée, trempée jusqu’au crâne, cheveux aplatis, comme tout droit sorti direct d’un film des années trente, gominés à souhait, volume total maxi 1mm. Un truc plus ou moins ovale encadré de mèches esseulées, attristées, affligées.
A part ça, ça va.
C’est juste les cheveux qui démissionnent, abandonnent, se désocialisent.
Grand-Mère Cécilia ?
Une montagne d’énergie, une bagarreuse, râleuse, au verbe haut qui tranche, tombe à tue et à toi, cingle, encourage.
Aurait aimé faire des études, devenir infirmière.
La guerre. La famille.
Restée à la terre, comme on dit.
Elle en a retourné de la terre, Grand-Mère, planté des céréales, taillé des vignes, fauché du maïs-fourrage, coupé des fougères pour faire de la litière -- en tandem indissociable avec grand-père Charles, son mari, son amoureux.
La complicité de ces deux-là.
Je soupçonne les champs et les forêts d’avoir été quelques bien doux abris à leurs tendres connivences.
Ah si les forêts et les champs pouvaient parler, Mémé !
Incroyables aussi toutes les séances où tu m’as aidée, de main de maître, à mémoriser des textes, des qui aussi éreintants infernaux géniaux que ceux de Michaux.
Et tu ne lâchais pas.
Et Octave Mirbeau, Mémé ?
Tu aimais tellement la Célestine de son Journal d’une femme de chambre. Cette révoltée implacable qui exigeait qu’on la traite dignement. Femme de chambre, oui, mais femme et intelligente, non mais.
Ah tes colères et tes exaspérations envers les gens de pouvoir, ceux de l’autre classe à laquelle tu n’avais pu accéder faute d’avoir pu suivre des études.
Et tes inoubliables grillades au feu de bois, Mémé.
Ton tour de main exceptionnel. Comment tu saisissais la viande sur la braise, le moment où tu la retirais, la déposais sur un plat, faisais couler un mince filet d’huile sur sa surface, la recouvrais d’un autre plat pour que les sucs s’exhaussent.
J’aurais aimé que tu finisses tes jours dans ta maison, à bêcher une rangée de patates ou à nourrir tes poules.
De même que j’aimerais mourir sur scène.
Je proteste avec Artaud (!) contre le rétrécissement insensé qu’on fait subir à la culture. En la réduisant à une sorte d’inconcevable panthéon.
Comme si la culture n’était pas un moyen raffiné de comprendre et d’exercer la vie. En l’état du monde et de la cité, en l’état de la confusion culturelle qui sied au discours brumeux des politiques en mal de voix, en souci d’élection, en l’état de la dégradation de l’idée de culture, je vote pour un art exigeant, non confondu, non assimilé, je vote pour des gestes artistiques pourfendeurs de nos ankyloses stylistiques, désenchanteurs de nos connivences malines, défonceurs de nos placebos supplétifs distillés à hue et à dia, en veux-tu en voilà, sur nos plateaux de services publics ou autres.
Je vote pour une prise en compte élevée et digne de la place faite à la femme et à l’homme. Pour des propositions artistiques qui construisent un nous plus alerte par la fabrique d’interpellations poétiques, vitalisantes.
Je vote pour des chamboulements constructifs de nos habitus.
En fait c’est différent et pas.
C’est juste que mes mains italiennes, tactiles, amitieuses, bavardes ne te pétrissent plus de-ci de-là, au rythme de mes dires fiévreux et de mes émois transiques.
Le temps reviendra de mes élans organiques.
En fait c’est différent et pas.
Je n’ai jamais fonctionné au grand nombre, ni aux fêtes de la musique, ni aux rassemblements politiques et syndicaux, ni aux affluences estivales.
Je leur ai toujours préféré le tête-à-tête à 2, 3, 5 avec des figures familières ou étrangères, regard en écoute intime, oreille en alerte vive.
Je leur préfère ces temps d’ivresse amicale où on s’aiguise au monde. Lucidité et vertige.
On va faire simple.
Un matin, s'étirer jusqu'aux bouts du monde, c’est la première création d’Ek-stasis prod -- dirigé par Catherine Phet. Femme-fille ardente, persévérante, exigeante, 45 kgs tout mouillée, la gnaque d’un pitbull délivré de sa haine, juste férocement convaincue de son désir d’aller au monde, de s'en sauver, armée de poésie et de flèches-mots qui décochent les cases du décrété.
Venez à sa rencontre, à notre rencontre. ------------------------------ 25 & 26 MARS | 19H | Le Vent des Signes (Toulouse) 29 MARS | 12H45 | La Fabrique / CIAM (UT2J Toulouse) 25 JUILLET | 19H | Festival Théâtre Figeac (46) | Direction artistique ScénOgraph SCIN - Art & Création / Art en Territoire (46
21/22
FOCUS SUR LE COMPAGNONNAGE [MATTHIEU GUILLIN / LE VENT DES SIGNES] dans le cadre du dispositif Sacem / Ministère de la culture "compositeur associé dans une scène pluridisciplinaire".
1 an pour explorer, s’épauler, imaginer, concocter des rendez-vous, produire des pièces sonores et des documents, aller à la rencontre des publics, partager des temps de recherche et de création [ensemble].
Le compositeur Matthieu Guillin et Le Vent des Signes sont heureux de vous inviter à accompagner cette aventure, à l’enrichir de vos présences et de vos collaborations.
Notre désir ?
Que cette aventure devienne (un peu, beaucoup, à la folie…) la vôtre, qu’elle se déploie à la faveur de nos rencontres, échanges et travaux [ensemble].
Au programme de cette première saison :
7 concerts
2 labos à destination des musiciens et compositeurs
1 audio club ouvert à toutes les oreilles
Le Vent des Signes est subventionné par : le Ministère de la Culture et de la Communication, Direction Régionale des Affaires Culturelles Occitanie / Pyrénées-Méditerranée, la Sacem, la Ville de Toulouse, le Conseil Départemental de la Haute-Garonne, le Conseil Régional Occitanie / Pyrénées-Méditerranée.
CALENDRIER
CONCERTS
18 nov | 19h | Jenny Abouav | Jean-Christophe Noël & François Donato
17 déc | 19H | Marc Sens - Yôko Higashi - Loran Chourrau
17 fév | 19H| Angelica Castello | Marc Sens
17 mars | 19H | Farida Amadou | Mathias Pontevia
14 avril | 19H | Soirée XXXL | Nina Garcia & Arnaud Rivière | Violaine Lochu | Alessandro Bosetti
16 juin 20H | Matthieu Guillin | Nuria Andorra & Manelo Salas
LABOS,WORKSHOPS, AUDIO CLUB...
5 déc |17H | Audio Club
21, 22, 23 jan 22| L’Outil hypnotique pour la création – Catherine Contour
12 & 13 fév 22 | Oralité et transmission | Matthieu Guillin | Abdessamad El Montassir intervention en visio
RENSEIGNEMENTS ET INSCRIPTIONS
Anne Lefèvre 06 08 33 57 47 - lvds@leventdessignes.fr
leventdessignes.fr
N’abandonnons pas nos rêves.
Nous re-trouver.
Nous accorder un temps de retrouvailles – yeux et voix à portée de vue.
Nous vous invitons autour des visages-ventres-vertiges de la saison 21/22.
L’art et l’écoute pour décapage de nos visages en perte de visage.
Désir.
Désir que l’œuvre augmente le désir de vie en nous. Démantèle la séduction du sombre et du désespoir, dénoue le solitaire et le triste, désarçonne l’envie et le meurtre, le déni et le renoncement ; nous embarque en ses aspérités et pays insoupçonnés.
On vous partagera les compagnonnages alertes et sensibles et des propositions inventives et vigoureuses, de celles qui nous font sortir plus forts et plus libres des épreuves qui nous troublent.
Appelons ça une hypothèse.
Disons que nous avons peut-être besoin de souffler.
Besoin d’un moment privilégié pour discuter, réfléchir, sans qu’il soit question d’un projet à monter, d’un partenariat à nouer. Un moment pour nous. Un moment pour reconstituer des forces, largement entamées par nos métiers et par la course incessante, la pression, les calendriers, les budgets, les obligations, les injonctions, les attentes, et plus d’une fois le sentiment d’impuissance ou de solitude.
Chers vous deux,
Je ne sais pas exactement ce que vous attendez de moi !
Je ne me sens pas grand-chose seul, je ne me sens pas brillant. Je grandis à mesure que la maison Salvan construit. Je me sens traversé par elle comme j’espère l’innerver de quelque chose d’un peu fort et puissant de moi. Je me sens très profondément lié à elle. Je ne l’exprime pas trop car c’est un peu indécent et je ne veux rien voler. Cela doit rester « en cours », dynamique, etc.
La Maison Salvan est ma maison comme elle l’est ponctuellement quand nous devenons hôte d’individus singuliers qui proposent, qui reçoivent. Elle est aussi particulièrement la maison d’Elodie, ma collègue, à la médiation qui donne aux autres le travail des artistes intelligemment, avec du cœur ; elle est la maison de Renaud, l’élu de conviction qui défend la Maison Salvan, qui défend la création ; elle est beaucoup la maison de Yann Febvre graphiste qui depuis ses débuts la donne à voir, la représente ; enfin, elle est la demeure d’Eric Castagnes, émouvant « artiste à l’écart et de l’écart» qui vient nous guider pour les montages d’exposition, qui a honneur à faire en sorte que nous puissions installer le travail des artistes de manière subtile et aboutie.
Je crois que je suis, un peu, au travers de toutes ces personnes, inévitablement. Je ne sais pas exactement ce que vous attendez de moi, donc !
Néanmoins, je suis très partant pour un échange brut, simple, sans public et se donner. Et, pour celui-ci, j’aimerais convier toute ces personnes qui me fondent pour partie, et qui participe de la fondation d’une idée de la création, quelque part, humblement.
Merci pour ton texte Braver le nouveau monde, Charles, il est fort. Je me retrouve dedans avec ce que je peux avoir de médiocre et de puissant dans l’exercice de mon métier que je dois, que je devrais, « ré-ambitionner » chaque matin.
Merci,
Paul
Imaginons que nous avons besoin quelquefois d’échanges simples et sains.
D’aiguiser nos intelligences et nos sensibilités sur une poignée de questions, de préoccupations.
Cher Paul,
Anne et moi avons simultanément pensé à toi lorsque nous avons commencé à imaginer ces temps de rencontre. L'évidence qui a été la nôtre signifie quelque chose de l'amitié et la confiance qui nous lient à toi.
Je te reconnais bien dans la modestie dont tu fais preuve. Mais tu fais partie des solides et précieux. Aucun doute de notre côté dans l'idée que tu es de celles et ceux que nous aimerions entendre.
Je serai à Toulouse la semaine prochaine pour travailler avec le Groupe Merci ; je participe à l'écriture de leur prochaine création théâtrale. La semaine est déjà bien chargée, mais si par hasard tu avais un moment en soirée ou le samedi 5 dans la journée, nous pourrions nous croiser.
Sinon, je te propose de t'appeler la semaine suivante (7-11 juin). Je te raconterai ce que nous imaginons, et nous verrons ensemble ce qu'il te semblerait pertinent de développer.
Un grand merci à toi pour accepter cette aventure. Elle est encore hypothétique, mais nous pressentons qu'elle peut produire de bonnes choses.
Amitiés
Organisons ça deux à quatre fois par an.
Un rendez-vous autour d’une préoccupation, mise en commun et discutée.
Pas pour la résoudre, mais pour mettre au net, pour vérifier nos bons réflexes, pour réarmer nos valeurs et nos exigences.
Voyons ça comme une séance en club de gym, mais à destination de ces muscles et désirs profonds qui nous constituent.
Un moment pour se libérer du vœu de fausse efficacité de la boutique, et réassurer notre capacité d’agir.
Disons que ce sera un moment de rencontre informelle, de discussions à bâtons rompus, et qu’au fur et à mesure quelque chose devrait s’ancrer dans nos pratiques et nos actions.
C’est encore une hypothèse, mais nous pourrions la rendre réelle.
LU 18 OCT | 18h30 Braver le nouveau monde avec Charles Robinson
au théâtre Le Vent des Signes
LU 29 NOV | 18h30 Rencontre avec Paul de Sorbier
à la Maison Salvan (Labège)
Prolifération
Pandémie
Pourriture
Pauvreté
Putréfaction
Polémique
Protocole
Privation
Peste
Je renonce au p
Insupportable
Inimaginable
Inconcevable
Impensable
Je renonce au i
Énorme
Expiatoire
Effrayant
Exténuant
Exacerbant
Exécrable
Extrême
Expirant
Exterminant
Je renonce au e
Je renonce au p, au i, au e. Je fonce sur le t, le l, le s, sur toutes les lettres, sur toutes les entrées du dictionnaire, je surfe sur tout ce qui traîne pêlemêle, avec et sans masques, avec et sans raison, avec et sans horizons.
Je dérouille. Je m’illusionne. Je déguste. Sidération. Dépression. Je ramasse. J’encaisse. Je fais face.
Le truc qui s’abat sur ta tronche. La main de dieu sur ta tronche. Les plaies de l’Égypte. Les sauterelles par milliards dans tes bronches, par tous tes orifices, les œufs par milliards, les vers les asticots sous ta peau par milliards, la pourriture par milliards, les pustules par milliards, ça tu connaissais, tu savais.
La covid ?
La covid 19 ? Le scénar que t’aurais adoré imaginer que t’as même pas pu qui t’a même pas frôlé les neurones. Trop fantastique dingue surréaliste. Trop énorme. Trop. L’événement de l’événement. Imagine, plutôt non, active les gestes barrières le masque le gel la distance et constate « tous ensemble nord-sud-est-ouest tous ensemble en même temps dans la même marmite, dans le même chaudron, esprit es-tu là, si tu es là crève tout le monde ô virus sans frontières, ô toi virus de l’équité sans frontières et sans classes, ô sorcier des pires misères tu as entendu l’appel de ce siècle de transparence et d’exigence, tu répares l’histoire, égalité des chances et des genres pour toutes et tous, équité pour toutes et tous nord-sud-est-ouest, menace pareille pour toutes et tous, sans discriminations d’accents ni de teintes.
Un coup de maître.
Qui dans ce monde païen laïque libéré des dieux, qui pour imaginer concocter une pareille malédiction ?
Qui pour concevoir au réel une telle storytelling ?
Qui dans ce monde du tout possible - du quasi tout toujours résolu - qui pour envisager pareille tuile accident catastrophe – à travers un virus aussi improbable qu’imperceptible insaisissable, surgi d’on ne sait où, qui t’explose le souffle en deux temps trois mouvements, te crashe sur le carreau en un jet de micro suspensions aussi perverses qu’assassines, sorties tout droit de tes naseaux ou de ceux de ton voisin, d’ordinaire sans conséquences ultimes, aujourd’hui bombes à retardements, fièvre douleurs étouffements, et si fièvre douleur étouffements, rajout de tuyaux et autres gâteries dans tes bronches sur fond d’hosto en urgence plus à cran que ça tu meurs.
Et le truc de proliférer pimpant par-dessus les haies et les cuvettes des toilettes, dans les salles d’attente et les cours d’écoles, au milieu des cintres et des livres, dans ta maison pas assez vaste pour tenir à distance ton père, ta sœur, ta grand-mère ou ta copine.
Et le truc qui prolifère de s’inventer des particularismes. Des variants : anglais, africains du sud, roumains, russes…
Et le truc qui prolifère de tenter de se singulariser chaque jour davantage, à moi le pompon de la singularisation, d’abord moi plus variant que toi, d’abord moi en premier et plus fort que toi, même.
Et le truc qui prolifère et se singularise de s’échiner en imaginations de singularisation et prolifération à la manière des gars et des filles de la téléralité, inluenceurs-seuses de tous poils en mal de socles et de sens.
Les plaies de l’Égypte. Les sauterelles par milliards dans tes bronches par tous tes orifices, les œufs par milliards, les vers les asticots sous ta peau par milliards, la pourriture par milliards, les pustules par milliards, ça tu connaissais.
La covid ? le truc qui écrase imperturbable sur son passage les vieux et les jeunes, les jeunes aussi oui, les fameux, les malins qui croyaient que seulement les vieux inutiles parqués en maison de retraite ou ephad ils ont assez vécu les vieux on va quand même pas s’empêcher de vivre pour les protéger, nous coûtent chers les vieux, ne rapportent plus rien, ont fait leur temps, on va quand même pas s’empêcher de vivre pour eux, place aux jeunes et aux 20 ans, souffrent les gars et les filles de 20 ans, peuvent plus danser, baiser à l’air libre, sur les terrasses des cafés, dans les restos, les boîtes de nuit, les cours des lycées, les bibliothèques, peuvent plus se baigner ni skier, peuvent plus pique-niquer sur les plages, sont traumatisés les jeunes, se suicident, se jettent sous les trains, sautent par les fenêtres, meurent de faim, se tuent à vélo dans des petits boulots - tu les sonnes - pour te livrer des plats chauds. Oui la covid le truc qui écrase imperturbable sur son passage les vieux et les jeunes, les jeunes aussi oui.
Partout la peur. De mourir. D’attraper. De manquer.
Quand cette peur obscure hystérique sourde s’enfourne en toi à chaque instant, y’en a un qui revient en trombe, toque à la porte sans douter, il l’a facile le réflexe de l’ultra hyper sécurité pour toustes.
On l’exige toustes l’ultra hyper sécurité pour toustes – c’est ça qu’il nous faut, c’est ça qui est juste, c’est ça dont les gouvernements nous privent – c’est ça qu’il faut exiger le manger et dormir pour toustes à vie, la santé pour toustes à vie,
l’éternelle jeunesse
l’éternelle invincibilité
l’éternité
un salaire régulier à vie
pareil la beauté sans rides ni graisse
les dents sans carie ni abcès
les articulations sans trauma ni usure
Les virus, les plaies et les pestes en ce monde supra au taquet qui sacralise sanctifie le jeunisme à renforts de fesses hautes, poitrine et pectoraux implantés à volo, mèches rebelles savamment architecturées,
les virus, les plaies et les pestes qui fissurent et foutent à plat et à sac nos croyances en l’impunité, l’invulnérabilité, l’increvabilité, l’immortalité, ça fout un sacré désordre dans nos vies, ça crochète à l’envers nos neurones, ça défouraille en météorites plus tordu que ça tu meurs.
J’ai peur.
Tu as peur.
On a peur.
Peur de mourir.
Peur de souffrir.
Peur de manquer.
J’ai presque toutes ces peurs plus une.
Quand l’émotion prend le pas sur la raison
j’ai peur
Quand la peur prend le pas sur la raison et l’amour
j’ai peur
Peur des ordres et des contre ordres
des mobilisations aux coins des rues
des revendications moutonnières
des couleurs qui clivent
Les idéologues du désastre et du tourment
de la peur et la frustration
la haine à bout de bras
la division en étendard
- toujours
leur talent à attiser les tensions
- toujours
Peur.
Alors ? Face à tout ça ?
Encapsulée en tout ça qui va vient accuse geint condamne désigne résout commente ?
Pas de réponse
Pas de solution collectiviste la même valable pour toutes et tous.
Pas de vaccin anti souffrance.
Pas de vaccin anti maladie. Anti vieillissement. Anti jour et nuit. Anti pauvre et riche. Anti mal à l’âme.
Alors ?
Nouer des équipages d’amitié
Bousculer nos habitus.
Créer des oasis aussi divers et joyeux que nos diversités.
Rejoindre des oasis qui abritent le vivant.
Éphémère un jour à la fois,
Éternel un jour à la fois.
Renaître.
Alors le masque
La buée sur les lunettes
Le gel et le savon
– tu parles d’un drame
Se parler à distance
Ne pas pouvoir se biser à corps et à cris
- tu parles d’un drame
Alors
avec masque gel savon vaccin
te savoir là
te croiser aux heures ouvertes
se parler
bonjour
te savoir là
Sortir de la peur
Inventer d’autres printemps.
Se parler.
Cette peste passera.
Ne pas laisser nos peurs tuer le printemps.
(suite…)
(suite…)
Je vous livre l'impromptu que j'ai partagé en introduction de cet apéro-rencontre.
Aujourd’hui, en accueillant Sébastien Bournac et ses équipières et équipiers, je voudrais rendre hommage aux cheffes et chefs de troupe, aux cheffes et chefs de maisons, aux directeurs et directrices de « maisons de théâtre, de maisons d’arts vivants. En ces temps où il est de bon ton de casser du chef de maison – parfois au sein même des équipes, le chef n'est-il pas, par principe, toujours mauvais – je voudrais remercier les cheffes et chefs de troupe qui animent - à la force de leur âme et de leurs poignets, à la force de leur conviction humaniste les plus éprouvées - des maisons de théâtre et de festivals où il nous fait bon vivre.(suite…)
Une équipe de journalistes m'a demandé - comme elle l'a demandé à d’autres structures toulousaines - quel est mon positionnement concernant le pass sanitaire et sa future application ?
Impossible pour moi de répondre à l'emporte-pièce.
Impossible de répondre seulement en termes comptables : gestion du public, surcoût de personnel, etc...
Encore une fois, je me sens à côté du grand mouvement unificateur "fédérateur dans le contre", s'il en est un.
Cher M.............,
Pas facile de répondre à tes (vos) questions, en pareille circonstance où je suis engagée quasi jour et nuit dans un flux d’interventions continues.
Le festival de théâtre de Figeac en est à sa septième journée.
Je me pause auprès de toi enfin — le temps d’un partage.
En ces temps inquiets, fragilisés par l’angoisse d’un virus qui dure, à l’instar de mon ami Sébastien Bournac avec lequel je conversais récemment, j’ai tendance à penser qu’il vaudrait mieux nourrir les lecteurs et lectrices d’écritures qui questionnent la vie et la poussent plutôt que de nos angoisses d’artistes et directrices, directeurs de salle.
A cette heure, je n’ai pas eu encore le temps d’interroger le proche avenir avec mes équipiers et les membres de notre CA.
A cette heure, nous ne savons pas quelle sera la situation sanitaire en septembre.
A cette heure, à l’instar de l’ami cité plus haut, je ne souhaite pas que nous abaissions la jauge à 49.
A cette heure et en mon for intérieur, j’aurais tendance à penser que faire ce qui est en notre pouvoir (vaccins, gestes barrière) pour endiguer la pandémie ne témoigne en rien d’un état-dictateur ni d’une soumission à un dit état-dictateur.
A cette heure - comme à chaque heure - je pense que ma responsabilité outrepasse la seule gestion de mon seul cas personnel.
J’ai choisi consciemment de me faire vacciner.
- tant pour limiter la casse en moi que pour éviter de la propager chez mes voisins-voisines.
Dans une salle comme Le Vent des Signes qui jauge à moins de 100 personnes, s’il fallait appliquer le contrôle du pass-sanitaire pour que l’œuvre d’art puisse continuer à opérer son travail de vie en nous, je pense qu’en étant de bonne grâce et en acceptant d’adapter nos fonctionnements au mouvement de la vie, nous devrions pouvoir ensemble inventer quelques possibles, non dévastateurs d’humanité - bien au contraire - pour nous accueillir au mieux.
Le fameux pas de côté cher à nos professions artistiques.
A l’écoute du jour nouveau jamais expérimenté jusque-là.
Fragilité, étonnement, peur, découvertes... toutes choses qui fondent nos pratiques artistiques, notre poursuite et notre expérienciation du dépassant.
A cette heure, j’ai envie qu’on s’assoie au pied de l’arbre pour palabrer en perspectives d’oasis.
A cette heure, j’emprunte le chant suivant à mon ami romancier Charles Robinson : Alors qu’il semble bien que ça reparte… sur quel pied voulons-nous danser ? Quelles danses ? Avec qui ? Et pourquoi ?
Et aussi :
Dans le désert qui a gagné, bien avant la pandémie, il ne suffit pas que des formes entêtées et entières – les increvables – survivent. Si nous voulons survivre en tant qu’espèce menacée – amoureux des arts, de la beauté, de l’étrangeté et de l’intensité –, nous devons nous organiser en oasis.
Oasis, chaque assoiffé – et ils sont ô combien nombreux – aura terriblement besoin de nous.
Nous avons terriblement besoin de nous.
qui ne laisse guère d’issue.
«Ce que tu veux saisir se dérobe constamment" "Tu roulais simplement cherchant le lieu et l’heure" "Il pleuvait ce soir-là à Hanoi Ni plus ni moins qu’ailleurs" "Obscurité, mère de tous les vices""Tu n’as rien inventé"
Dans ce voyage, dans le récit de ce voyage, on retrouve les alcooliques, les pauvres, les drogués, les prostituées – celles et ceux des Etats-Unis comme celles et ceux d’ Inde, d’Afrique, d’Amérique du Sud ou de Cuba.. On y retrouve
"Celle qui n’est jamais en bonne santé"
"Alors il y a toujours le coin à l’écart" Mais il n’y a pas de rêve américain Justement parce que l’Amérique veut la possibilité de vivre sans rêve L’anti-rêve américain C’est un désir de domination brutale sur tout ce qui change et qui passe C’est le vide dans lequel elle peut enfin se mirer. "Et tu te sentais si seul dans ce train très climatisé." Et aussi Marinello -- deux phrases en espagnol de ce militant communiste dévoué – poète, écrivain, universitaire. Marinello et ses actions contre le dictateur Gerardo Machado, qui a sévit à Cuba, de 1924 à 1933. Professeur Marinello.
Professeur, on l’appelait dans le peuple.
"Et le ciel réapparaît soudain". Et soudain, alors même que vous êtes en salle, sur le plateau de l'espace Mitterand, je vous vois poursuivre votre concert en extérieur, en plein air, sur la scène de la Cour du Puy je vous désire dehors sous le ciel étoilé dans la nuit ouverte dés-enserrée de ses étaux de béton. Je vous vois, là,
poursuivre le voyage (ou le re-commencer) tout à nouveau comme sans cesse, libre des murs qui nous oppressent et de l’air quasi irrespirable de la salle Mitterand. Et plus tard, plus loin, « Une masse incandescente de nuages condensés de givre" On saisit des bribes de ce voyage. Un homme nous parle se parle On attrape des sons des couleurs des senteurs des bruits cahotants "Une lente plongée abyssale pareille à une fièvre. Regarde Regarde l’horizon Et après Loin après Regarde les puissances Mange les puissances si tu peux Et loin loin Et après Après Après L’horizon" Et aussi… "Ainsi tout était simple Jusqu’au soir Où tu rejoignais les jardins somptueux de sultans" Et quand j’entends cela, j’ai encore et encore l’impression d’avoir déjà entendu ce récit, j’ai l’impression d’avoir déjà fait ce même voyage – comme il arrive qu’on ait l’impression d’avoir déjà rencontré une personne que l’on croise pourtant pour la première fois. Comme un voyage à répétition à travers les temps.
"Un jour tout retourne à ce dernier matin" Et là les musiciens s’arrachent dans une écriture free jazz / hard rock incandescente "Qui a écrit les villes ? les montagnes ? Les fleuves ? Les forêts ? N’aie pas peur Ne crains rien Nous resterons ici Encore un peu Et demain Il nous faudra chercher un refuge N’aie pas peur Dors Dors paisiblement" """ Festival Scénograph Théâtre de l'Usine Festival de Saint-Céré et Figeac et aussi la vidéo de Loran Chourrau https://www.youtube.com/watch?v=Y6kzfwFDvVM&t=3s
Festival de théâtre de Figeac | 2 août 2021.
APÉRO - RENCONTRE AVEC JÉRÔME POULY | La cuisine des auteurs.
Je vous livre l’impromptu que j’ai partagé en introduction de cette rencontre.
Jérôme Pouly, en découvrant hier soir votre « bazar » , en le laissant me re-traverser ce matin, sur les coups de 6h30, je me dis "C’est qui de l’œuf ou la poule", dans cette création ?
L’origine de cette création, c’est le désir de faire entendre des textes du répertoire à du grand public – l’air de rien – en noyant le poisson dans un packaging rassurant, ici, la cuisine – la cuisine en live, concoctée depuis une petite caravane, tout ce qu’il y a de plus accessible, de plus modeste, le truc populaire, par excellence, qui sent bon les vacances, le truc quasi à la portée de toutes celles et ceux qui passent leur été en camping ?
Bon, bien sûr les « gars » - entendez, ici, l'équipe artistique - sont intelligents.
Il y a l’intelligence polysémique de l’objet « caravane », la polysémie du signe-objet caravane : la caravane des exils, les déplacements forcés, les migrations, le nomadisme, les tziganes, les gitans, les populations menacées, déracinées, les qui perçoivent un salaire mais ne peuvent pas néanmoins accéder à un logement et s’installent à l’année dans des campings… un truc l’air de rien qui entre textes du répertoire et millefeuilles polysémiques pèse son pesant de sens.
Mais tout ça l’air de rien. Emballé c’est pesé. Du théâtre populaire.
Ou bien, l’origine de cette création, c’est votre désir, votre conviction intime de la puissance (salvatrice, réparatrice, jubilatoire) des repas concoctés avec gourmandise, pour les amis aimés et aimants ?
Les ingrédients choisis avec amour, l’œil et le nez en alerte, la main prompte à presser, soupeser, tâter, ici tu épluches les légumes, là au contraire tu en gardes la peau, une partie ou toute, ils sont bios les légumes de Gérard élevés sous la mère (terre) sans adjonction de pesticides ou de « pousse la vie à la va-vite » à outrance.
Un truc pour se redire l’amour.
Quand on est sociétaire de la Comédie française, quand on en déjà beaucoup sous la pédale de mots d’auteur, de textes du répertoire, qu’est-ce qui nous pousse à construire un spectacle de tréteaux ? Scénographié aux petits oignons, bande-son et acteur au top de l’écoute.
La conscience, la conviction profonde que le repas préparé avec soin et joie est réellement le lieu possible de la résilience, de la guérison, de la consolation de nos cœurs endeuillés, affectés, inquiétés ?
Et cela est tellement prégnant en vous que vous intégrez des textes du répertoire pour faire passer la pilule auprès du public et des diffuseurs, vous les entrelacez à vos 1001 frasques d’enfant gourmand et joueur, d’acteur canaille et fou pour « prouver » le sérieux de ce que vous avancez. D’autres, des vieux, en ont parlé avant vous, d’abord. Des qu’on a étudié à l’école : Victor Hugo, Duras, Dumas… alors.
Alors votre truc n’est pas idiot.
Jubilatoire, ludique oui mais pas vain, pas idiot ; c’est un truc des plus sérieux, comme les enfants qui jouent dans la cour de l’école sont sérieux. C’est sérieux un enfant qui joue.
Votre cuisine des auteurs, c’est un truc sacrément sérieux, sacrément construit : le choix de textes, les manières de dires, les chants des chèvres et la rumeur de la ferme au lointain, bonjour la partition de la bande-son et des bouchons qui sautent.
Bonjour l’art de se réconforter les uns les autres autour d’une tartine préparée à 6 mains (au moins) et d’un verre de bon breuvage sorti de derrière les fagots, du fond du placard de notre grand-mère.
Alors quid vraiment de l’œuf ou la poule, Jérôme Pouly ?
Un truc pareil, une interrogation pareille, le coup du repas c’est un truc qui questionne la solitude, non ?
un truc qui la retarde ?
À condition qu’on le soigne le repas, sa préparation, son élaboration - dans le souci d’accueil de nos invités ?
De même qu’on élabore une pièce de théâtre dans le souci de l’adresse à l’autre, non ?
Hier soir, suite à votre cuisine, j’ai choisi d’aller dîner au marché des producteurs qui n’a de tentant que la résonnance fantasmée du mot producteur.
Quelle déception !
Un morceau de viande hachée (plutôt bon mais trop cuit) servi avec une poignée de salades de patates (froide) et de deux ou trois cuillerées de salade (cuite) de celle qui reste de la veille.
Le fromage semblait de belle facture, je n’aime pas le fromage.
Je n’ai perçu rien d’autre dans cette proposition champêtre a priori plus proche, plus alternative, plus saine, plus aimante, plus bienveillante qu’un prétexte commercial décevant, à l’identique de ceux qu’on reproche aux hyper-marchés dont le seul objet est la rentabilité à tout va.
Vos tartines respiraient un autre air, Mr Pouly.
Merci.
Chronique «Philosophiques» par Anne Dufourmantelle, philosophe et psychanalyste, publié le 9 juin 2016, dans Libération.
Décédée en 2017.
Dans nos sociétés agitées par les pulsions, la sublimation semble en voie de disparition, au profit du déni et du passage à l’acte.
La sublimation a vécu. La pulsion a trouvé un regain de toute-puissance dans un monde qui ne supporte aucune limite pour la satisfaire. Immédiateté, vitesse, fluidité appellent une société sans frustration ni délai. Que ce soit dans l’espace public (les actualités, les faits divers, la pornographie normative, les attitudes «décomplexées») ou sur le divan (patient déprimé, désaxé, agité par les pulsions qui ne trouvent pas une voie féconde en lui, déversées dans ses «humeurs» ou refoulées dans le meilleur des cas jusqu’au retour plus ou moins violent de ce refoulé), la société post-industrielle et post-traumatique de l’après-guerre admet mal qu’on «sublime».
Tout ce qui attente à l’envie immédiate est perçu comme un obstacle. Il faut au sujet narcissique un champ opératoire simple et direct à ses pulsions, sinon, il se déprime.
La frustration n’est plus supportable, trouvons-lui donc sans cesse de nouveaux objets à ses appétits.
L’abstraction, le style, la précision sont passés à l’ennemi, toutes ces choses nous «ralentissent».
On ne possède pas un livre, ce n’est ni un investissement ni un instrument ; la lecture prend du temps, et ne produit rien d’autre qu’une capacité accrue à rêver et à penser. On lui préférera des bribes de textes glanés sur le Net qui livreront au plus vite possible l’information ad hoc.
L’absence de style dans les productions culturelles est aussi préoccupante que le sont les vies sous pression, moroses et fonctionnelles - tellement plus nombreuses que des vies habitées, voulues.
Freud définit la sublimation pour la première fois en 1905 pour rendre compte de ce qui nous porte à créer spirituellement et artistiquement, sans que cette activité n'ait de rapport apparent avec la sexualité. Il fait l'hypothèse que la pulsion se déplace vers un but non sexuel. Autrement dit, il s'agit d'un processus inconscient de conversion de l'énergie - la libido.
«La sublimation comprend un jugement de valeur. […] Le but de la pulsion est dévié : à la différence du symptôme, loin d'impliquer angoisse et culpabilité, elle est associée à une satisfaction esthétique, intellectuelle et sociale.» A la fonction cathartique de l'acte de création s'ajoute un bénéfice narcissique. Attendre, imaginer, espérer, c'est faire face au chaos de nos envies et de nos tourments en leur donnant un ordre symbolique. Longtemps, le sexe, la mort et leurs diverses conjugaisons, mais aussi l'extase, l'abandon mystique, l'effroi ont été des portes que l'on savait ouvertes sur des abîmes sans quoi l'humain serait réduit à une animalité de confort. Pour mettre au secret ce que dans des temps anciens on appelait l'hubris, c'est-à-dire «l'excès», la vie pulsionnelle non refrénée, meurtre compris, il y avait ce couple : refoulement et sublimation. Qui se passait de notre consentement comme de notre volonté.
Ce que Freud a posé, c'est que la sublimation n'était pas l'envers de la répression, mais un agir, presque un instinct de beauté. Oui, Freud, en explorant cette capacité de l'être humain, a fait une trouvaille géniale quand il désigne dans la sublimation non une propension au fantasme, ni bovarysme de l'esprit, mais un des destins de la pulsion.
La pulsion a un autre talent : elle invente, elle propose, elle trace des arabesques là tout est muré. C'est l'anamorphose qui révèle dans l'ombre portée du crâne, des paysages. C'est le délire du fou qui révèle une vérité enfouie, inaudible. La question du délire est intéressante, d'ailleurs, pour qui s'intéresse à la psychiatrie. Car le délire aussi est une forme de sublimation. En ce sens, les délires pauvres ou empêchés par les médicaments disent bien notre forme de puritanisme. Car la pulsion de sublimation est aussi épocale. Tel l'art zen du tir à l'arc ou l'art du désordre dans le jardin anglais, elle appelle chez le sujet un consentement à se passer de l'immédiat pour la beauté du geste. Citons quelques exemples de ses conquêtes : l'art baroque, le trait d'esprit, l'équation mathématique, le pas de danse, la corrida. La sublimation, pour Freud, était la clé du processus de symbolisation. Elle articulait pulsion et langage, affects et valeur.
La sublimation ne nie pas la réalité, elle en reconnaît la contrainte mais elle passe outre, et au passage elle invente un langage. Freud aimait citer ce mot de Pierre-François Lacenaire, qui, appelé à être guillotiné à l'aube, s'était écrié en trébuchant sur un pavé de la cour : «Voilà une semaine qui commence mal.»
Et Freud de conclure avec humour : voilà le parfait dépassement de la névrose!
Sublimer n'est pas éviter la mort mais faire un dernier tableau avant la mort dans le dos. Le réel n'est pas nié, ni même évité, il est surmonté. Qu'a donc la sublimation de si dangereux pour être dans une si mauvaise passe ?
Le couple refoulement-sublimation, qui caractérisait le XXe siècle, est-il en train d'être remplacé par le déni et le passage à l'acte ? Un monde qui parvient à sublimer est un monde qui prend une forme, qui n'est pas informe comme l'actuelle confusion générale destine le nôtre à l'être.
Matthieu Guillin, compositeur associé à la scène Le Vent des Signes pendant deux ans, dans le cadre du dispositif Sacem/Ministère de la Culture «Compositeur associé à une scène pluridisciplinaire».
Joie d’offrir à cet artiste de l’espace et du temps pour qu’il crée, compose, expérimente, transmette au plus près de ce qu’il poursuit, pressent, ignore.
Joie de convoquer avec lui des artistes majeurs de la création et de la recherche musicale actuelle (Alessandro Bosetti, Violaine Lochu, Julien Desprez...).
Joie de programmer des hybrides où la rigueur de l'écriture se confronte à des paramètres extra-musicaux (corps, espace, immédiateté...) et dont les préoccupations tiendront moins d'un souci de généalogie musicale (dans une tradition de) que d'un questionnement sonore singulier.
Joie égale de compagnonner avec le GMEA autour de propositions musicales qui déverrouillent le figé, ouvrent des paysages qui remettent en branle la danse de notre quotidien.
Ancré dans la création artistique contemporaine et pluridisciplinaire, Le Vent des Signes fonde son projet sur les dialogues entre les arts scéniques et tous les autres arts ; la manipulation et l’imbrication des matériaux ; les correspondances et les hybridations des esthétiques où les disciplines se stimulent, se dynamisent.
C’est au cœur de cette effervescence et des enjeux d’usages contemporains que nous développons une attention toute particulière aux musiques.
Ainsi notre candidature avec Matthieu Guillin au dispositif Sacem / Ministère de la Culture « compositeur associé à une scène pluridisciplinaire ».
Et sans jamais rien lâcher de notre furieuse et joyeuse exigence.
Et la joie enfin d’être reçus dans ce dispositif.
Au plaisir de vous retrouver tout au long des événements musicaux qui vont rythmer 21/22/23.
Puissions-nous ensemble désactiver certains de nos réflexes, accueillir l’imprévisible juste assez pour sortir de nos paramètres par défaut.
La compagnie éOle soutient
la résidence de Matthieu Guillin
au théâtre Le Vent des Signes
Dans la vie d’éOle, compagnie fondée il y a plus de vingt ans, ce sont toujours les trajectoires artistiques et humaines qui décident des contenus, tracent des lignes de force et de partage, définissent, dans un contexte de liberté de pensée et d’action, les contenus dynamiques et renouvelés du projet artistique.
Matthieu Guillin a rejoint éOle en 2017 et il y occupe, depuis, une place essentielle au titre de son travail d’artiste et de son implication dans les projets de résidences et de productions que nous développons dans nos studios à Odyssud et en tournée.
La résidence qui s’ouvre, en compagnonnage avec Le Vent des Signes constitue une nouvelle ouverture, de nouveaux axes de partage.
En 2005, c’est justement dans ce théâtre que naissait la performance « Artaud Corpus Fragments* », sorte de rituel musico-poétique préfigurant l’émergence des formes performatives où le compositeur n’est plus simplement l’architecte de partitions ou d’environnements sonores, mais également celui qui en active la matière interne, au moment du concert.
C’est à cet endroit, à cette jonction entre performance et écriture, que Matthieu Guillin développe sa pratique et nous sommes, à éOle, très heureux d’en accompagner le projet. Rares sont les complicités si profondes, entre un lieu, un artiste et le temps… le temps, ici 2 saisons, pour que puissent éclore les projets et les rencontres et que continue de se développer le chemin de la création musicale, sonore et scénique.
Pierre Jodlowski
* Artaud Corpus Fragments, action scénique autour d’Antonin Artaud et Pierre Henry - musique et traitements en direct : Jacky Mérit / Pierre Jodlowski ; poésie sonore : Sébastien Lespinasse. Projets co-réalisé par éOle et le Vent des signes en 2005.
Carburation(s) |
Murmuration (s) |
De toi à moi |
Elle dit, il dit |
Au bout de la mer, le ciel.
On peut pas faire comme si.
On va être sur une année étrange.
On peut pas faire comme par les années précédentes.
Ça fout la trouille de te (ré) inviter
à travers des trucs gravés sur le papier
qu’on sait même pas si.
Qu’on sait même pas si la bestiole
va filer retour vers son clapier,
nous laisser l’air enfin à respirer,
les mains à toucher,
les bouches à oser tout près.
On peut pas faire comme si.
Dans notre brochure papier
'Ce n’est peut-être pas un programme'
on va te parler de tout l’en-bas, en-dessous
qui nous relie à toi
et à tous les artistes
et spectacles et résidences de la saison 21/22.
Mais pas de chaque spectacle ou résidence.
Dans notre brochure papier,
pas de biographies ni de distributions.
Pas de bibliographies ni de mentions obligatoires.
Tous les détails, tu les trouveras ici en clair - très clair,
actualisé aux petits oignons
On compte sur toi pour cliquer sur les articles de notre site
fouiller, trouver.
On compte sur toi pour attraper au vol
les rendez-vous singuliers
- concerts, performances, rencontres, audio-clubs, workshops, labos –
autant d’invitations à prendre des forces en rechargeant nos imaginaires.
Plonge. Profite. Savoure.
Tenons-nous au courant, au jus.
Inscris-toi à nos newsletters, nous te répondrons par des présences singulières.
Surtout, suis l’actualité mise à jour sur notre site leventdessignes.fr, enrichie de propositions surgies en cours de route et de textes inédits carburés par les complices du théâtre.
On intuite un truc.
On écoute un désir.
On va l’expériencer.
On t'invite à nous rejoindre sur leventdessignes.fr, Facebook, YouTube & via nos newsletters.
De toi à moi,
vivement qu’on t’accueille à la maison.
Embrassades.
Anne Lefèvre, Louis Gry, Axel Loubradou, Valentine Kothé
Appelons ça une hypothèse.
Disons que nous avons peut-être besoin de souffler. Besoin d’un moment privilégié pour discuter, réfléchir, sans qu’il soit question d’un projet à monter, d’un partenariat à nouer ou renouer, d’une relation à créer. Un moment pour nous. Un moment pour reconstituer des forces, largement entamées par nos métiers et par la course incessante, la pression, les calendriers, les budgets, les obligations, les injonctions, les attentes, et plus d’une fois le sentiment d’impuissance ou de solitude.
Imaginons que nous avons besoin quelquefois d’échanges simples et sains. D’aiguiser nos intelligences et nos sensibilités sur une poignée de questions, de préoccupations.
Organisons ça quatre fois par an. Un rendez-vous autour d’une préoccupation, mise en commun et discutée. Pas pour la résoudre, mais pour mettre au net, pour vérifier nos bons réflexes, pour réarmer nos valeurs et nos exigences.
Voyons ça comme une séance en club de gym, mais à destination de ces muscles et désirs profonds qui nous constituent.
Un moment pour se libérer du vœu de fausse efficacité de la boutique, et réassurer notre puissance d’agir.
Disons que ce sera un moment de rencontre informelle, de discussions à bâtons rompus, et qu’au fur et à mesure quelque chose devrait s’ancrer dans nos pratiques et nos actions.
Le premier rendez-vous sera animé par Charles Robinson, le deuxième par Paul de Sorbier.
Le premier aura lieu au Vent des Signes, le second à la Maison Salvan.